Philippe Danti est né en 1955 à Marseille. "Autodidacte du pinceau" comme il aime à se définir, cet ancien officier mécanicien de la marine marchande s’est ouvert à la peinture via l'abstraction lyrique. Aujourd'hui, hors de toute chapelle, il prolonge son parcours pictural avec comme fil rouge à l'ensemble de son travail, un profond désir de liberté.
Tout jeune, alors qu'il a à peine 8 ans, Philippe prend des cours de dessin, avant de s'initier au modelage et à la sculpture. Dans la famille Danti, l'art n'est pas une priorité, plutôt une sorte de frivolité entretenue au titre de passe-temps. Son père, ingénieur de profession, cantonne son joli coup de crayon au service du dessin technique. Tandis que sa mère qui possède, elle, un goût inné pour la couleur, attendra, sa cinquantième année avant de se décider à peindre.
Philippe nourrit sa passion pour le dessin par une série de cours en pointillé dans les interstices laissés par les voyages qu'il fait pendant plus de vingt ans. Officier mécanicien sur d'imposants cargos au départ de Marseille, ses cours sont pour lui comme un fil ténu, un lien inconscient avec le monde de l'art dont il se sent, et dont il est, professionnellement éloigné.
Au fil de ces années, Philippe apprend à maîtriser la force originelle du dessin. Qui observe les travaux de cette époque est frappé par l'absence de couleurs. Pour Philippe, seul le trait, le mouvement ont alors une réelle importance. Ce n'est qu'à la suite d'un concours de circonstances, en feuilletant le catalogue de l'exposition parisienne du peintre Zao Wou-Ki au Jeu de Paume, qu'il découvre la couleur. "Je commençais à être lassé du dessin, de son académisme" se souvient-il. "Les peintures de ce maître de l'abstraction lyrique ont eu l'effet d'une bouffée d'oxygène. Elles ont influencé mon art, mais aussi ma vie" avoue celui qui peu de temps avant cette rencontre déterminante avait dû mettre fin à son activité sur les bateaux. "Je n'ai pas cherché à comprendre, ni à analyser. Cette découverte et ma mise à la retraite anticipée en raison de problèmes de santé ont boosté ma création" constate-t-il aujourd'hui.
"Plus libre et plus serein, j'ai pu aller au-delà du geste premier, travailler la couleur, rentrer dans la symbolique de chacune d'elles. Depuis, je n'utilise que les trois basiques (bleu jaune rouge) ainsi que le noir et le blanc. J'évite de les mélanger entre elles afin de préserver au maximum l'intensité de la lumière de mes tableaux, d'en maîtriser les effets."
C'est cette approche de la lumière, cette démarche presque mystique, qui conduisent Danti à s'inventer ses propres techniques, à s'imposer ses propres rituels. "Je ne peux me diriger vers la toile que propre sur moi dans un atelier rangé, clean. Ça peut prendre des heures" commente-t-il. "C'est comme le silence que s'offre un orchestre avant d'attaquer une symphonie. J'ai besoin de ce recueillement, de cette recherche de verticalité pour ensuite me mettre en danger, prendre des risques, allier des techniques différentes. J'aime la magie de la création et la notion de passage qu'elle véhicule !" affirme celui dont l'atelier est situé Traverse du Passage à Marseille. Hasard, me direz-vous?
Fruit de plus de 40 ans d'observation, ses peintures associent force originelle et spontanéité du dessin à la maîtrise de la couleur. "J'ai encore en tête la force des bleus sous le mistral, l'éclat du soleil et le caractère tranchant des contrastes de la Provence de mon enfance" raconte Danti dont le travail comme un coup de vent violent décoiffe les certitudes.
Baba Squaaly